Discussion

ZOOM SUR LES BÊTA-LECTEURS

BÊTA QUOI?

Mais que signifie ce terme de « bêta-lecteur », que l’on voit passer à l’occasion sur bookstagram? Qui sont ces personnes auxquelles les auteurs font appel? Quels sont leur rôle et utilité?

Personnellement, je n’ai pas (encore) fait l’expérience de la bêta lecture mais je suis intriguée par ces personnes qui donnent de leur temps et participent dans l’ombre (et souvent bénévolement) à la création d’un roman. J’ai donc recueilli les témoignages de passionnés pour vous expliquer en quoi consiste leur mission.

LIRE, LIRE, RELIRE ET SE QUESTIONNER…

Le bêta-lecteur est cette personne qui va relire les premiers jets d’un roman pour y apporter des corrections et/ou donner son ressenti. La relecture se concentre donc sur la forme mais aussi sur le fond. Et puisque les auteurs peuvent demander l’aide de plusieurs personnes pour un même roman, certains bêta-lecteurs sont amenés à ne se concentrer que sur l’un ou l’autre de ces éléments.

Le travail de relecture s’effectue généralement chapitre par chapitre afin que les retours soient détaillés au maximum. Les corrections sur la forme impliquent l’écriture pure : l’orthographe, la syntaxe, les répétitions, les tournures de phrases ou les coquilles diverses. Pour ce type de relecture, le lecteur doit évidemment avoir un bon niveau de français et être rigoureux. Pour cette mission, pointue et fastidieuse, beaucoup d’auteurs préfèrent même faire appel à des professionnels. D’ailleurs, la plupart des personnes que j’ai interrogé interviennent surtout pour donner leur avis sur le fond du roman. Il s’agit alors de se poser plusieurs questions: est-ce qu’il y a des incohérences dans le récit? Est-ce l’intrigue est compréhensible ou faut-il clarifier certaines scènes? Est-ce que l’univers est cohérent? Les personnages sont-ils assez travaillés?

On pourrait croire qu’il s’agit d’un travail un peu ingrat. C’est l’idée que j’en avais avant d’interroger ceux qui en ont réellement fait l’expérience. J’avais du mal à comprendre qu’on puisse prendre plaisir à lire un roman non abouti et à y apporter des corrections. Je me plaçais dans la position d’un simple lecteur alors que ce rôle implique bien plus qu’une chasse aux incohérences.

LIRE, LIRE, RELIRE ET PARTAGER…

Finalement, toutes les personnes qui m’ont répondu m’ont affirmé que leur rôle était assez gratifiant. En effet, elles se sentent honorées de voir leur avis pris en considération. Plutôt que de lire un roman « non abouti », elles ont surtout l’impression de participer à la naissance d’un ouvrage, d’y apporter leur contribution, même si elle reste minime et dans l’ombre. L’autre notion qui est revenue souvent dans les témoignages est celle de « collaboration ». Contrairement à une lecture ordinaire et donc solitaire, le travail du bêta-lecteur sous-entend une vraie collaboration avec l’auteur, pour lui faire part de ses impressions, qu’elles soient positives ou négatives.

Il y a un vrai lien de confiance qui doit alors se créer entre l’écrivain et son bêta-lecteur. L’un doit arriver à donner son opinion de façon argumentée, objective, tout en restant à sa place de lecteur. Ses retours ne doivent surtout pas impacter le style propre à l’auteur ni orienter la finalité de l’intrigue. Et l’autre doit accepter les remarques qui lui sont faites et les digérer même si elles semblent dures car le but final est bien d’améliorer le récit.

J’ai d’ailleurs interrogé des auteurs faisant appel aux bêta-lecteurs, pour avoir une vision complète du tableau. Ils reconnaissent volontiers qu’avec le nez collé aux pages d’un roman, il est difficile pour eux de prendre du recul et de discerner les petits défauts qui ont pu s’y glisser. Le bêta-lecteur sert alors de paire d’yeux et de cerveau supplémentaires. Et les avis sont unanimes, ils sont essentiels à leur travail. Ils les les challengent, les poussent dans leurs retranchements, les font se remettre en question et anticiper les critiques qui pourraient venir ensuite.

Une fois ces relectures effectuées, le roman est presque abouti et peut être proposé (si l’envie est là…) à une maison d’éditions qui se chargera des dernières corrections qu’elle jugera utiles.

Pour ceux qui en douteraient encore, vous voyez, l’écriture d’un roman n’est pas un métier aussi solitaire que ce que l’on pense!

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