ETRE UNE FEMME EN COREE…
Direction la Corée du Sud pour ce roman atypique qui nous parle de la condition féminine à travers les yeux de Kim Jiyoung.
L’ouvrage se compose de six parties.
La première, au temps présent nous présente Kim Jiyoung une femme troublée psychologiquement. De la deuxième à la cinquième partie, nous remontons le temps pour en apprendre plus elle, ainsi que sur les femmes de sa famille.
Avec le récit de son enfance jusqu’à son entrée dans la vie active, nous comprenons mieux ce qui a façonné notre protagoniste. Quant à la dernière partie, elle nous ramène au présent et conclue le roman habilement.
Pour tout vous dire, j’ai d’abord trouvé ce roman déstabilisant à cause de la façon dont il est écrit. On a l’impression d’observer Kim Jiyoung de loin et avec les quelques statistiques sur lesquelles s’appuie le narrateur pour nous présenter les inégalités entre hommes et femmes, nous sommes proches du documentaire. Pourtant, une fois habituée au style d’écriture, j’ai été happée par le récit.
A différentes époques, dans différentes sphères sociales, nous sommes témoins de de la discrimination dont les femmes sont victimes et des agressions mentales et physiques qu’elles subissent. L’histoire relate parfois des gestes et des attitudes totalement déplacés tout comme elle pointe également du doigts des situations que l’on pourrait croire anodines, voire anecdotiques et qui pourtant témoignent de l’injustice qui existe entre les deux sexes. Le récit est frappant de réalisme. Il n’est pas question d’héroïnes révoltées, brandissant le poing pour obtenir des droits mais de femmes ordinaires et fortes qui se battent comme elles peuvent au quotidien, qui prennent leur vie en main et soutiennent leur famille même si le mérite reviendra finalement à leur père ou à leur mari, même si certaines finiront par capituler.
S’il y a encore des progrès à faire dans notre pays en matière de féminisme, soyez sûrs que dans un pays comme la Corée du Sud autant attaché aux traditions, les #metoo et autres #balancetonporc ont encore du chemin à parcourir. Et c’est en cela que ce roman est important, il représente une prise de parole essentielle, un coup de pied aux fesses d’une société encore profondément patriarcale.
Alors lisez-le, il inspire, il révolte, il fait réfléchir et grâce à une touche typiquement coréenne, il surprend même avec une fin des plus amères.
POUR RÉSUMER
LES + : les grands thèmes du féminisme abordés avec intelligence et subtilité.
LES – : les statistiques évoquées qui donnent parfois un aspect froid ou de documentaire au roman.
VERDICT : 🖋️🖋️🖋️🖋️ Lu et Dévoré

4E DE COUVERTURE
Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affublée d’un prénom commun – le plus donné en Corée du Sud en 1982, l’année de sa naissance. Elle vit à Séoul avec son mari, de trois ans son aîné, et leur petite fille. Elle a un travail qu’elle aime mais qu’il lui faut quitter pour élever son enfant. Et puis, un jour, elle commence à parler avec la voix d’autres femmes. Que peut-il bien lui être arrivé ?
En six parties, qui correspondent à autant de périodes de la vie de son personnage, d’une écriture précise et cinglante, Cho Nam-joo livre une photographie de la femme coréenne piégée dans une société traditionaliste contre laquelle elle ne parvient pas à lutter. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Kim Jiyoung est bien plus que le miroir de la condition féminine en Corée – elle est le miroir de la condition féminine tout court.